Mars 2013
« Ezra ! Tout va bien ? Je t’ai cherché partout et tu ne répondais pas à mes messages… » Assise sur le rebord du mur, l’adolescente regarde ses pieds passivement, puis lève le menton pour croiser les yeux clairs de son ami.
« Quoi ? Oh, oui ça va. J’étais… occupée. » Warren. Il est en dernière année, pas la même classe, pas les mêmes fréquentations, mais elle le connait depuis le premier jour. Elle baisse de nouveau les yeux sur ses pieds qu’elle balance d’avant en arrière, frappant le mur de ses talons, chaque coup plus fort que le précédent.
« Mais qu’avez-vous fait d’Ezra ? Les zombies sont à nos portes ou bien ?! » C’est vrai, elle est étonnamment calme aujourd’hui, et distraite. Elle l’a habitué à autre chose.
« Haha très drôle. J’ai eu mon père au téléphone, c’est tout. » Il hausse un sourcil, peu convaincu et elle fronce les siens, le regard planté dans ses prunelles dorées.
« Des mauvaises nouvelles ? T’es juste en colère après ses appels, d’habitude. Enfin, t’es plus… expressive et là, tu me fiches limite la trouille ! T'es trop calme. » Il est le seul de ses amis à savoir pour ses parents, pour le divorce et la blessure qu'elle porte constamment, et qui ne guérit pas. Il est le seul à l'accepter telle qu’elle est, entière et qui malgré leurs différences, reste à ses côtés. Lui, il fait battre son petit cœur solide quand il la dévisage, quand il lui sourit et l’attrape par les épaules, comme ça, un geste anodin, amical. Et elle sourit bêtement, la fille d'acier qui ne porte pas de robes, qui ne dit pas je t'aime, mais qui le pense un peu trop fort. La gamine qui se croit grande, qui croit comprendre, qui perd son temps… Ah si elle avait su, Ezra.
« Il était juste bizarre, comme si, j’sais pas… » « T’es dure avec lui, tu dois beaucoup lui manquer. J'en sais pas grand-chose, mais j’peux te dire qu’il t’aime. Il ne t’appellerait même pas, sinon. Mais il doit le savoir aussi bien que moi, que tu es trop fière pour prendre la bonne décision. » Il est le seul à pouvoir lui parler de son attitude envers son père et même à pouvoir l’évoquer sans qu’elle ne parte au quart de tour, comme c’est si souvent le cas avec sa mère. Elle ne pense pas, Ezra, elle a trop de rancune pour imaginer son père à l'autre bout du fil. Elle ne voit pas sa mine sombre, ni les cernes sous ses grands yeux noirs. Ezra, elle ne voit que l'homme qui a passé sa colère sur sa mère, et qui l'a éloigné de lui se faisant. Elle soupire, parce qu'il a toujours raison, Warren.
Il s’approche d’un pas et elle se pince les lèvres, mais il ne fait que poser un doigt sur son front, la pousse légèrement, la taquine. Et elle sourit bêtement, l'idiote qui se tait.
« Si ce n’est que ça, j’suis rassuré. Non mais à ta tête, on croirait que ton chat est mort ! » Ce bon vieux Noisette, mais il sous-entend sûrement qu'il pensait à un problème plus grave. La voix de son père a été plus grave aujourd'hui d'ailleurs, elle l'a senti et pour une raison qui lui échappe, ça l'inquiète. Mais Warren est là, maintenant, et il accapare toute son attention. Elle rit quand il lui attrape le menton, elle qui s'est trop attardée sur le ciel, qui rêvasse encore, et il la dévisage. Indéchiffrable, elle se pose toujours la question.
Que voit-il en moi ? Et elle se perd, mais il lui ramène toujours les pieds sur Terre. Il ne dit rien quand elle se jette sur lui en sautant du mur, quand elle s’agrippe pour ne pas tomber et que lui recule sous l’impact. Un prétexte, toujours. Les mains de la belle qui s’attardent sur ses épaules, glissent le long de ses bras jusqu'aux poignets, pour finalement rejoindre sa propre chemise qu’elle réajuste en souriant. Il ne sait pas et elle se tait, pour ne rien briser. Elle n’a jamais su lui dire, elle, la grande gueule du lycée. Est-ce la peur qui l’empêche d’approcher ? La peur qu’il s’éloigne, s’il savait ? Que le malaise s’installe, que l’amitié s’efface ? Alors, elle répond aux avances d’un autre, d’un garçon plus grand, plus fort, plus misérable. Et tout est bien comme ça. Désormais à sa hauteur, elle lui donne un coup dans l’épaule assez fort pour lui arracher une plainte.
« T’essayais d’me faire culpabiliser tout à l'heure ? C’est bon, il rappellera. » Si elle avait su, à cet instant, qu’elle ne recevrait plus aucun coup de fil, aurait-elle changé d’attitude ? Lui aurait-elle dit tout ce qu’elle gardait sur le cœur ? Mais elle ne sait pas, la gamine.
« On bouge ? Si j’me rappelle bien, tu m’disais de venir au parking ! » « Tu les a lu ? Attends, t’avais peut-être pas envie d’me voir, c’est ça ? Oh la fourbe, qui me parle de son papa pour détourner mon attention. Ouch ! Tu viens de me fendre le cœur. » Il mime un coup de poignard en plein cœur et ajoute quelques râles, histoire de pousser la jolie rousse à lui donner un autre coup dans l’épaule. Il sourit à pleine dent, la prend par les épaules et ils s’éloignent à grands éclats de voix et de rires. Elle balance son téléphone au fond du sac, faisant taire cette petite voix qui la pousse toujours à le rappeler, à lui dire qu’elle ne l’oublie pas et qu’elle l’aime, bien sûr qu’elle l’aime. C'est son père après tout. Mais elle est trop fière pour oublier les fautes, pour faire l’impasse sur sa rancune, pour pardonner. Il rappellera, il le fait toujours.
Octobre 2014
Le cadre est parfait. Une pression et l’image s’imprime sur l’écran, à jamais figée dans le temps. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent… et une jeune lycéenne traverse le parc pendant que le soleil poursuit lentement sa descente vers l’horizon. Un coup d’œil à sa montre, il est encore tôt.
« Tu lui as acheté un cadeau ? C’est dans deux jours, n’oublie pas… » Ces personnes qu’elle ne connaît pas, qu’elle n’écoute pas, mais qui s’agitent autour d’elle.
« Oh ! Excusez-moi jeune fille ! » Un labrador qui vient lui caresser les jambes et elle sourit, se penche et lui rend la pareille. Adorable ! Puis l’heure avance et elle voit sa voiture garée sur le côté, sa silhouette appuyée contre la portière, ses yeux qui la dévorent. Tyler. Il est beau garçon, riche et populaire. Il lui fournit son adrénaline Ty', mais elle ne le laisse pas entrer, jamais. Il ne la connait pas, mais l'alchimie est là et c'est suffisant. Il la raccompagne après minuit, alimente l’animosité entre une mère et sa fille, n’est qu’un outil de plus, un prétexte. La fille qui blâme sa mère pour une faute qu’elle n’a pas commise, mais qu'elle a provoqué, alors c’est du pareil au même. Ezra en veut à ses deux parents, mais elle ne le montre avec force que depuis un an. Depuis ce fameux jour où elle aurait pu changer la donne, où elle aurait dû lui dire ce qu’elle gardait sur le cœur, où elle l’avait entendu pour la dernière fois. Son père ne l’a plus contacté depuis plus d’un an et sa colère n’a fait qu’empirer. Désinvolte, dure, rebelle… une belle crise d’adolescence que sa mère n’a pas su gérer, comme bien d’autres. Incomprise ? Non, Ezra n’utilise pas cette excuse. Ezra est entière, elle lui hurle ce qui la dérange, lui somme de la laisser tranquille, de ne pas s’interposer, de lui donner de l’espace… Elle lui dit, à sa tendre mère, ce qui les différencie, ce qui les éloigne, ce qui fait qu’elle ne partagera jamais autant qu’avec son père. Ezra veut provoquer, elle cherche le conflit, ne veut pas se calmer et les deux femmes se tiennent tête chaque jour. Elle est bien la fille de Skyler, les mêmes gênes, la même robustesse. Mais le vrai fautif dans tout ce bazar, celui sur qui la rouquine devrait passer ses nerfs, celui pour qui sa mère est devenue le bouc émissaire… ce père qui l’a trahi ! Elle est en colère Ezra, et elle aimerait tout arrêter parfois, pardonner et faire les bons choix.
Sa poche vibre tandis qu’elle s’approche de l’autre, celui qui l'entraîne vers le fond, avec qui elle perd son temps.
Maman, apparaît sur l'écran et elle hésite, pas longtemps.
« Hey Ezra, je rentre plus tôt ce soir… tu es déjà rentrée ? » La voix est douce, calme à l'autre bout, et elle se laisse distraire.
« Non. Je suis avec Ty, mais je serai rentrée pour le dîner. » Sa voix à elle est teintée de lassitude, elle hésite.
« Ouais, bien sûr. Ecoute, je me disais qu’on pourrait peut-être… se poser et regarder un DVD ensemble ce soir ? Tu sais, comme avant ? » Les secondes s’écoulent, mais elle ne bouge pas et quand elle croise le regard du grand garçon, il l’informe de son impatience et de l’heure qui avance.
« Ouais, pourquoi pas. Faisons-ça. » Elle raccroche sans attendre et se dirige vers le petit-ami, le p’tit con qu’elle supporte depuis des mois et qui lui tend la cigarette qu’elle écarte d’un geste, comme il aime l'emmerder.
« J’ai failli attendre, c'était le toutou de service ? » Arrogance, moquerie, jalousie. Elle lui donne un coup dans l'épaule et il mesure ses prochaines paroles, sachant très bien qu'il marche sur des œufs.
« C'était ma mère, et tu sais quoi ? Je suis prise ce soir, finalement. » Elle lui adresse un franc sourire avant de contourner sa voiture et de lui ouvrir la portière. Elle la referme lorsqu'il est au volant, contrarié.
« La fifille à sa maman, j'te croyais au-dessus de ça. Bon, j't'appelle ! » Un baisé fugace, elle profite de l'instant, puis le moteur gronde et elle tourne les talons pour traverser le parc à nouveau, direction la maison.
Elle n’a pas envie de crier ce soir, après tout, elle lui laisse parfois du répit. Avant de rentrer, elle passe devant ce gars qui lit le journal, qui s’exclame, secoue la tête, attire l’œil de la gamine qui s’arrête.
« Les Yankees ont perdu ? » Questionne-t-elle avenante, mais l’homme fronce les sourcils et lui montre les gros titres.
« Et ce n’est qu’une partie de l’iceberg, j’en suis sûr ! On est toujours les derniers au courant ! » Ezra n’a pas le temps de s’y intéresser, le titre est la seule chose qu’elle daigne lire, pressée. Une épidémie frappe la Russie et le continent Européen, mais elle ne pense pas aux milliers de voyageurs qui traversent l'océan Atlantique chaque jour, et elle ne s'inquiète pas, concentrée sur sa propre vie. Elle hoche la tête et s’éclipse pour rentrer au plus vite, se mettre aux fourneaux et voir la surprise dans les yeux de sa mère, quand celle-ci rentre du travail, exténuée. Les actualités sont mauvaises ces derniers jours et elle le sait, mais elle n’écoute pas. Ça passera, comme les alertes pour la grippe… Elle ne se doute pas, Ezra, que c’est la dernière fois qu’elle partage une glace avec sa mère devant un blockbuster des années quatre-vingt. Oui, parce qu'elles partagent ce genre de moments tout de même, quand elles en ont marre de se disputer et de hausser la voix, ces deux fortes têtes. Parce qu'elles s'aiment quand même, naturellement, même si elles ne le disent pas tout haut.
« Joyeux anniversaire ! » Prononcé entre deux scènes d’action, sa mère manque de s’étouffer en éclatant de rire, légère, heureuse.
« Hé, bientôt la quarantaine, tu t’fais vieille ! » Elles passent le reste de la soirée à parler, plaisanter et s'amuser ; et pour immortaliser ce moment, Ezra a joué les photographes. Un cadeau personnel qui vaut bien plus qu'une robe ou un bijou aux yeux de sa mère, mais qui de toutes les façons, a déjà été gâtée en passant la soirée avec sa fille. Une trêve qui durera jusqu'au mois d'après, jusqu'à ce que le monde change, le début de la fin. Mais elle ne sait pas, Ezra, et elle s'endort le cœur léger ce soir.
Printemps 2015
« Tu sais que je t’aime Ezra, plus que tout au monde. » Quand il y a sensiblerie, ça annonce la fin, le renoncement. Elle baisse les bras et Ezra refuse, tout bonnement.
« C’est pas le moment ! Tu n’vas pas crever ok ? J’te laisserai pas. » « J’suis foutue ! La route s’arrête pour moi, alors s’il te plait… s’il te plait, arrête. » Ezra est du genre réaliste, pourtant. Ce scénario, elle l’a déjà imaginé cent fois et cent fois elle abrège les souffrances de sa mère, car c’est la chose à faire. Ce scénario, elle y a pensé tous les soirs en la regardant dormir, et tous les matins lorsqu'elles repartent sur la route. Quand elles ont fait un bout de chemin avec cette bonne famille et que leur fils a été mordu, Ezra leur a dit. Sans tact, brutale et égoïste, elle leur a dit de l’empêcher de changer, d'y mettre fin. Et c'est si facile quand ça tombe sur les autres et c’est si facile dans sa tête, d’écourter la vie de celle qui l’a mis au monde et supporté ces trois dernières années.
« Je suis désolée. » « Pourquoi ? C’est moi la conne de l’histoire, je suis celle qui a de quoi se faire pardonner. » Elle essaie de sourire, mais ce n'est pas sincère, alors elle baisse les yeux.
« J'veux dire, pour toutes ces histoires avec ton père. Vous étiez si proches, je suis désolée. » La nuit est tombée depuis trois heures, sa mère a été mordu dans le même temps, plus ou moins. Elle commence à se sentir nauséeuse, mais elle ne dit rien.
« … j’aurais dû passer plus de temps avec ma mère, avant tout ça. Et je le regrette. » Même si elle le dit, Ezra ne réalise pas encore que tout sera terminé d'ici quelques heures.
« Ça va, je t’aime comme tu es et j’étais très fière de toi. J’le suis toujours, même plus. Tu te débrouilleras sans moi, j’ai même souvent eu l’impression que tu veillais sur moi, et non l’inverse. Tu as bien grandi. » Encore des sensibleries, elle se croirait au beau milieu d'une mauvaise comédie romantique.
« Arrête, tu vas m’faire chialer. » Alors elles rient un instant, puis le silence s’installe de nouveau, pesant. Pourquoi maintenant ? Et pourquoi elles ? Elles ont été si chanceuses jusqu'à maintenant, si prudentes ! La colère monte en elle, mais la rouquine ne peut pas craquer maintenant et gâcher l’instant, elle ne le peut pas.. Sa mère est trop passive à son goût, elle accepte bien trop facilement son sort… est-ce qu’elle ne craint vraiment pas de mourir ? Ou fait-elle bonne figure devant sa fille ? Celle-ci reste de marbre, assise contre cet arbre qui lui casse le dos, juste assez pour l’empêcher de s’endormir et ainsi garder les yeux grands ouverts. Elle ne peut pas fermer les yeux en sachant que sa mère est devenue une bombe à retardement, et pourtant, elle n’arrive pas à se débarrasser du problème. Que peut-elle faire avec un canif ? Lui trancher la gorge ? Le lui planter en plein cœur ? Elle n’en a pas les tripes, pas tant qu’elle respirera, pas tant qu’elle sera toujours sa mère. Et même dans son sommeil, elle n'oserait pas. Tuer n’est pas chose aisée et si elle est capable d’encaisser plus de choses qu’une adolescente lambda, elle n’est pas capable de ça. Mais attendre est pire. Et si elle baisse sa garde ? Trois jours et trois nuits qu’elle n’a pas fermé l’œil, juste parce qu’elles fuyaient un quatuor de scélérats et une embuscade de rôdeurs…
« Je suis trop lâche pour le faire moi-même… et plus le temps passe, plus je deviens une menace pour toi. Je ne veux pas te condamner. » Malgré cela, Ezra campe sur ses positions et ne bouge pas d’un centimètre. Elle reste silencieuse et observe le ciel étoilé, à réfléchir et à se tenir éveillée, jusqu'à ce que la vue se brouille.
Il fait toujours nuit quand elle rouvre les yeux, réveillée par un grand bruit qu'elle n'identifie pas tout de suite. Allongée, elle est couverte par le manteau de sa mère et le sac à dos vide de cette dernière repose sous sa tête. Elle se redresse en hâte.
« Maman ? » Elle s'avance et trouve au fond de son sac des provisions en plus, mais les quelques affaires personnels de sa mère ont disparu, tout comme elle. Seule. Et ce silence oppressant…
« Maman ! » C’est en rassemblant le peu de ses affaires qu’elle trouve près de son lit improvisé, posée sur le sol, une photo récente. Un cliché qui a été pris durant la nuit, avec son polaroid, et déposé ainsi à sa vue. Un message d’adieu, et elle réalise enfin. Sa mère a préféré partir, laisser le sort en décider ou une connerie du genre, plutôt que de forcer sa fille à voir la réalité en face. Mais elle aurait dû, putain ! Idiote, elle la déteste ! Et elle abandonne sa veste pour enfiler le manteau épais de sa mère, empoigne son sac et se prépare à partir. Elle ne sait pas suivre une piste, elle ne sait pas depuis quand elle est partie et elle ne la retrouvera pas, alors elle s'en veut. Elle a manqué de courage et maintenant, elle a condamné sa mère à rôder parmi tous les autres, à moins qu'elle n'ait décidé d'y mettre fin elle-même. C'est vrai, le revolver a disparu et elle vient de trouver la dernière pièce du puzzle. Le bruit qui l'a réveillé, elle sait à présent. Les larmes perlent, roulent dans les yeux, au bord des paupières. Elles glissent sur les joues, chatouillent la peau et elle les laisse sécher à la brise du printemps. Elle ne savait pas, Ezra, que ce serait aussi difficile, qu'elle l'aimait autant que
lui, finalement et à présent, elle veut le retrouver. Elle ne veut pas rester seule, car à quoi bon survivre en solitaire ? Il n'y a aucune satisfaction à cela, mais elle n'a pas confiance en l'homme non plus. Elle ne les approche pas, reste à l'écart et se débrouille par elle-même. Une semaine il lui a fallu pour trouver cette ville abandonnée, qui grouillent de cadavres ambulants et de survivants qu'elle ne voit pas, elle, la cible parfaite. Mais il faut croire que la chance est restée de son côté, lorsqu'elle trouve cet endroit plus sûr que les autres. Elle met ses mains en évidence, marchande ses provisions, les laisse approcher. Et s'ils tentent quoique ce soit, elle n'aura qu'à frapper un bon coup et repartir en sens inverse, mais ils n'ont pas l'air de voleurs. Ils prennent son sac et l'emmène à l'intérieur, jeune égarée qui doit réapprendre à vivre en communauté. Et même si elle s'est arrêtée de marcher, elle garde l'espoir de le revoir un jour. Elle pense souvent à lui ces temps-ci et elle est persuadée qu'il vit toujours, quelque part. Son papa.