« On peut faire une pause s’il te plaît Calvin ? Je suis vraiment épuisée… On n’arrête pas de marcher depuis qu’on s’est levés… » Tout autour de nous le silence régnait. Cela faisait maintenant plus d’une semaine que nous marchions, Élisabeth et moi. Épuisée, elle s’était assise sur le bord de la route qui nous guidait depuis le début de notre périple. « Dix minutes, pas plus. On ne peut pas rester ici trop longtemps. » Je m’appelle Calvin Marshall, et je suis le garde du corps de la fille du maire d’Atlanta. Cela fait maintenant plusieurs semaines que le monde que nous connaissions est tombé en ruines. Les morts reviennent à la vie, avide de chair et de sang, et nous survivons dans tout ce bordel. A la télé et à la radio, ils parlaient d’une épidémie mondiale, avant de perdre tout contact. Aujourd’hui, il est impossible de savoir où en est la situation, que font-les autorités, les politiques… Nous sommes livrés à nous-mêmes, comme des putains de gamins en plein milieu d’un labyrinthe. Armé de mon pistolet, j’attendais que le temps passe, et que la personne dont j’avais la responsabilité reprenne son souffle. Avant tout ça, j’étais policier à Atlanta. De père en fils, les Marshall étaient connus pour servir l’ordre sous différentes formes. Policiers, ambulanciers, pompiers, soldats… Le devoir de rendre service à notre nation coulait dans mes veines. Mais je n’étais pas un cadeau. Mon comportement dérangeait. Et je me suis fais viré de la police après sept ans de loyaux services. Mais comme mon père était bien placé dans la police, je m’en étais plutôt bien tiré. De cette façon, je m’étais retrouvé à être garde du corps de la famille du maire de la ville. C’était un boulot moins intense que celui de policier. Mais au moins, je ne me retrouvais pas caissier ou livreur de pizza, non pas que je dénigre ces métiers, mais je restais au moins dans mes cordes. « Il faut repartir, on est assez resté ici. » Renfilant nos sacs à dos, il était temps de reprendre la route. Nous ne savions pas où aller, nous marchions, sans but. Tous les jours c’était la même chose. Un petit déjeuner à base d’eau et de quelques conserves trouées en fouillant les maisons et magasins que l’on trouvait sur la route. Au début, je me sentais assez mal à l’idée de piller les domiciles et magasins. Maintenant, c’est devenu une habitude, une question de survie. A chaque fois que l’on rentrait dans un endroit, c’était toujours la même routine. Élisabeth m’attendait dehors, prête à courir si jamais les choses tournaient mal. Et moi, je rentrais dans l’inconnu, tuant ces choses, d’un coup en pleine tête, avant de faire nos emplettes.

J’en avais vu des films apocalyptiques, avec des invasions de zombies et où les héros devaient subvenir à leurs besoins par leurs propres moyens. Et bien croyez-moi, tout ce que vous avez pu voir à la télé, c’est que des putains de conneries. La réalité était tout autre. Tuer ces choses, sachant qu’elles ont étés des personnes vivantes comme vous et moi, ce n’était pas chose facile au début. Tout avait commencé alors que j’accompagnais la fille du maire dans une de ses excursions entre amis. Ces sorties me dégoutaient, car je ne me sentais pas à ma place. J’attendais de loin, ayant un contact visuel sur la jeune femme, attendant qu’elle ait fini pour la raccompagner chez elle. Nous étions en plein centre ville d’Atlanta quand une émeute se créa. C’est de cette façon que j’ai vu l’apocalypse s’immiscer dans nos vies. On parlait de cannibalisme, de carnage, de folie. Mais cette chose qui venait de bouffer la joue de cette vieille dame n’avait plus rien d’humain. Fuyant la scène, les attaques se faisaient de plus en plus nombreuses. Nous étions rentrés au domicile des White, où plus personne ne se trouvait sur les lieux. Une lettre se trouvait sur la table du salon. Le maire avait quitté la ville avec sa femme, et son fils, le frère d’Élisabeth, abandonnant sa fille comme un lâche qu’il était. Je savais que c’était un enfoiré, mais pas au point d’abandonner sa fille. La seule chose qu’il nous avait laissé, c’était une lettre avec une position. Bien évidemment, nous nous étions rendus à cette destination, excentrée à cinquante kilomètres d’Atlanta, dans leur maison de campagne. Mais nous n’avions rien trouvé sur place, à part la mort et la désolation. Les débuts de l’épidémie étaient vraiment difficiles. En plus de survivre, je devais m’occuper d’une jeune femme détruite par l’abandon de sa famille. Nous étions donc tous les deux, sur la route depuis déjà un long moment. Survivant et comptant l’un sur l’autre. « Calvin… Tu ne veux toujours pas m’apprendre à me servir d’une arme ? » « On en a déjà discutés… Les munitions sont trop précieuses pour que je t’apprenne pour l’instant. Dès qu’on trouvera plus de munitions, je t’apprendrais à tirer. » « Fais chier… » « Pas de gros mots s’il te plaît… » Je ne pouvais pas lui apprendre à se servir d’une arme à feu. Mais je lui avais appris les rudiments des techniques de combat au corps à corps, au cas où les choses se passaient mal. Elle maniait bien le couteau, je l’entrainais dès qu’on avait un endroit où se poser plus de dix minutes. Les jours passaient, et se ressemblaient. Nous avions frôlés la mort à plusieurs reprises, mais nous nous en étions toujours sortis. Des rencontres, nous en avions faites aussi, mais jamais de très bonnes. Je n’avais jamais eu à tuer quelqu’un dans l’exercice de mes fonctions. Mais depuis l’épidémie, j’ai déjà tué trois êtres humains pour notre survie, à Élisabeth et moi. Je revois encore aujourd’hui leurs visages quand je leur ai ôté la vie, et je devais vivre avec jusqu’à la fin. Bordel… Cette vie c’était clairement une merde sans nom… Mais appelez ça une intervention divine, un coup de chance ou je ne sais quoi. Mais nos efforts avaient enfin portés ses fruits. « Calvin ! Regarde là-bas ! » Au loin, une église, un endroit où nous pourrions nous poser quelques jours le temps de faire le plein. Sauf qu’au lieu d’y trouver un camp de fortune, nous y avons trouvés un refuge. Cela fait maintenant quelques jours que nous avons trouvé un campement, avec des gens honnêtes, qui ne voulaient pas nous tuer et piller nos ressources. Pour une fois depuis le début de toute cette histoire, nous avions un semblant de sécurité. Cela faisait du bien à Élisabeth, et à moi aussi. Il ne nous restait plus qu’à savoir jusqu’où ce campement irait, et jusqu’où cela nous mènerait.