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Nate se réveille tout les matins en sursaut, un énième cauchemar qui le poursuit chaque nuit depuis que l'enfer a ouvert ses portes et que les morts sont vivants et bien décidés à faire du reste des hommes un buffet gratuit. Machinalement il regarde l'heure sur sa montre, il est comme toujours bien trop tôt pour se lever mais il sait qu'il ne peut plus dormir. Il soupire et se lève, passe un pantalon, un tshirt et sa paire de chaussures. Dans un geste reflexe il cherche son paquet de cigarettes avant de se rappeler qu'il a finit sa dernière cigarette deux semaines auparavant et qu'il n'est pas prêt d'en refumer une au point où sont les choses. Il soupire et sort de sa chambre pour rejoindre le self où il se contente d'un café trop chaud, trop amer. On ne croise pas grand monde à cette heure là, les civils dorment encore, seuls les militaires chargés de la surveillance sont debout, ou comme lui les insomniaques qui ne dorment que d'un oeil après avoir été témoin de l'horreur.

Avant la fin du monde, Nate avait une vie tranquille, une vie faite de plaisir, d'excès, de liberté. Sans aucune responsabilité, juste profiter de la vie sans dire merci. Il avait tiré un trait sur cette famille trop austère pour lui. Sur ce père qu'il voyait aux grandes fêtes de famille et avec lequel il ne parlait plus depuis des années. L'armée avait toujours fait partie de sa vie, depuis tout gamin. Son père répétait sans cesse que c'était inscrit dans son sang, ainsi que dans celui de ses frères et soeurs. Il les avait entraînés, préparés pour embrasser cette carrière mais Nate avait été le seul ayant assez de couilles pour se rebeller et quitter cette vie déjà faite pour lui. Les règles, les ordres, ça n'avait jamais été pour lui. Il passait de ville en ville, de job en job, de lit en lit. Sans jamais un regard derrière lui, la nostalgie était trop dure à supporter mais il lui arrivait parfois d'en ouvrir la porte, juste un peu et de finir par se noyer dans un bar jusqu'au fond de la nuit. Pourtant son salut est venu de l'armée elle même lors de ce jour fatidique. Quiproquo à cause d'un costume ridicule "emprunté" à son père pour une raison qui aujourd'hui était stupide à ses yeux. Car Nate avait beau répéter à tors et à travers qu'il ne ressentait rien pour son père, rien pour sa famille, il savait qu'il n'était qu'un pitoyable menteur, voulant retrouver les bras aimant de cette famille mais refusant encore et toujours de rentrer dans son moule.

Alors qu'il finit son café, il croise le regard de l'officier qui l'a croisé dans la rue ce jour là, il n'a pas oublié la question qu'il lui a posée, nom, grade, base. Et sans savoir pourquoi il lui a répondit sans hésiter, sans trémolo dans la voix. L'armée il l'a vécue les vingt premières années de sa vie, il sait à quoi il ressemble alors ce rôle n'est pas difficile à assumer. Et dans le chaos qui règne alors, personne ne se pose de question à son sujet, personne ne fait des recherches. Nate vit avec cette trouille au ventre chaque jour. Il sait qu'un jour, son secret sera dévoilé, qu'il ne pourra plus se cacher, peut être sera t'il mort avant ça, peut être pas. Mais cette peur est toujours là, ancrée en lui, se joignant aux autres qui errent dans son esprit. Ca, personne ne le voit, personne n'imagine ce qui traverse son esprit. On n'attends pas de lui qu'il se mette à craquer sous la pression, non, on attends de lui la dernière blague, le dernier acte de rébellion contre ses supérieurs (il est passé maître en la matière, parce que ça détend l'atmosphère se dit il et qu'ainsi la vie ne semble pas avoir trop changée, il y a toujours eu des emmerdeurs dans l'armée, ce n'est pas une première), et les ragots ne cessent d'évoquer sa vie amoureuse, ou plutôt la multiplication de ses conquêtes. Il choque, surprend, il donne à parler, mais Nate s'en moque. Car dans ces instants, comme lorsqu'il court pour sauver sa peau d'une horde de zombies, il se sent en vie, l'adrénaline coursant dans ses veines, le rendant presque dingue, comme une drogue.

Son café terminé, il se lève pour aller laver sa tasse et sort du bâtiment. Tout est calme pour le moment, aussi calme que le monde puisse être quand vous savez que hors de ces murs vous attends une bonne poignée de zombies prêt à vous dévorer tout cru. Nate ferme les yeux et prends une inspiration, longue et lente, remplissant ses poumons avant d'expirer tout aussi lentement. Il rouvre ses yeux, le soleil se lève petit à petit sur la base et il se met à courir, comme tout les matins, tout autour de la base, pour s'entraîner, pour se rassurer. Pour vivre tout simplement.